Avec Death Stranding premier du nom, Hideo Kojima nous offrait un titre quasi-prophétique, puisque l'humanité toute entière allait connaitre le confinement peu de temps après, comme les habitants du monde de Sam Porter, contraints de vivre dans des bunkers. Six ans plus tard, le créateur japonais remet le couvert avec Death Stranding 2 : On the Beach, un titre qui reprend les bases du premier jeu en y ajoutant la surcouche habituelle "bigger, better, more badass", ce qui ne lui réussit pas forcément comme nous allons le voir dans notre test complet.
- Genre : Action aventure
- Date de sortie : 26 juin 2025
- Plateforme : PS5
- Développeur : Kojima Productions
- Éditeur : Sony
- Prix : 79,99€
- Testé sur : PS5 Pro
More of the Sam
Un peu plus de 11 mois après la traversée et la reconnexion des États-Unis, Sam et Lou coulent des jours heureux, bien loin des livraisons et des problèmes des UCA. Mais le destin va vite les rattraper : Fragile a une nouvelle mission mexicaine pour le Porter, ce qui va déclencher une série d'événements le poussant à reconnecter toute une nation à l'autre bout du monde. Mais cette fois, Sam ne sera plus seul, puisque toute l'équipe du Magellan sera là pour le soutenir, avec toute une galerie de personnages secondaires franchement classe, mais que le jeu ne va pas forcément exploiter comme il faut. Tous auront leur moment de gloire et des flashbacks qui vont nous en apprendre plus sur leur passé, mais le scénario ne va jamais tirer profit de tout ça. L'exemple le plus parlant est celui de Dollman, la poupée accrochée en permanence à la ceinture de Sam : c'est un peu le Mimir du jeu, mais le pauvre va souvent se retrouver à parler tout seul... Porter le laisse en plan 8 fois sur 10, comme s'il n'existait pas vraiment. Et que dire de la conclusion de sa backstory, franchement ridicule. Si le scénario de Death Stranding pouvait cliver, avec de nombreux éléments obscurs et des séquences déstabilisantes, il parvenait à maintenir une frontière très mince entre le sérieux et le grand n'importe quoi. Dans cette suite, cherchez pas, les chevaux sont lâchés et Kojima Productions est parti à fond de balle dans le non-sens le plus total.
Oh, vous retrouverez toujours les hommages appuyés à Metal Gear et une mise en scène qui envoie du lourd, mais on vous recommande plus que jamais de ne pas prendre ce que vous vivrez au sérieux. DS2 vous fait comprendre très vite qu'il a davantage envie de faire marrer les joueurs, dès sa première cutscene en fait. Lorsqu'un intrus est détecté près de l'abri de Sam au début du jeu, il se dépêche de choisir une arme pour l'accueillir : d'abord un couteau, puis un plus grand couteau, puis un flingue, pour finir avec une poêle entre les mains sur le plan d'après... On est sur de la comédie pure et dure. Beaucoup de séquences nous ont faits pleurer de rire, littéralement, par leur rupture de ton avec le sérieux ambiant. Et c'est aussi pour ça que les moments premier degré passent moins bien que dans le premier jeu, qui parvenait à maintenir un certain équilibre entre les moments "wtf" et le sérieux de son propos. En y allant sans retenue, DS2 va même faire du mal à son prédécesseur, en étendant l'univers Death Stranding, certes, mais en le rendant moins attachant au global.
Libéré des livrées
Death Stranding 2 ne bouscule pas les fondamentaux de la série, puisqu'il s'agira toujours de faire des livraisons d'un point A à un point B en évitant les échoués et autres MULE qui en veulent à votre cargaison. La gestion de l'inventaire et du terrain à parcourir jouent aussi pour une grande partie de l'originalité du gameplay, avec des montagnes de caisses et de fournitures à équilibrer et à mener à bon port le plus proprement possible. Il y a donc toute une phase de préparation et d'anticipation, avec la conception d'un trajet personnalisé, le plus sûr possible, afin d'économiser un maximum de ressources et être le plus rapide possible. Le grand apport de ce nouvel épisode est une progression enfin digne de ce nom, avec des arbres de compétences liés à chacune des statistiques de Sam, statistiques qui évolueront avec la simple pratique, comme le combat ou les services rendus. On note aussi un plus grand intérêt à la complétion des livraisons secondaires, avec de nouveaux équipements très intéressants à obtenir en faisant monter le niveau de connexion avec tous les preppers que vous croiserez au cours de votre voyage.
Des récompenses plus intéressantes aussi parce qu'elles comprennent de nouvelles armes, qui revêtent un intérêt tout particulier dans Death Stranding 2 puisque les affrontements vont être imposés dans cet épisode. Impossible de créer une néantisation en tuant quelqu'un comme dans le premier, ici vous vous contenterez de balles non-létales, divisées en plusieurs catégories : anti-humain, anti-échoué, ou encore multi-fonctions qui vont être efficaces contre tous les types d'ennemis. L'arsenal de Porter a été étendu pour s'adapter à ce virage plus action, même s'il est possible de se la jouer infiltration tout du long. C'est finalement de la découverte de ces nouveaux équipements que vont venir les moments les plus réjouissants de DS2, que ce soit lors de l'acquisition d'un nouveau sniper, ou d'un nouveau module de véhicule qui va vous procurer un gros gain de confort pour vos prochaines livraisons. Quant aux combats en eux-même, ils sont efficaces sans faire d'étincelles : chez les humains, l'IA essaie parfois de vous contourner, mais elle n'est malheureusement pas au niveau. Côté échoués, il faudra toujours être un peu plus prudent, un combat de boss improvisé peut vite arriver si vous vous faites prendre. A ce sujet, les affrontements contre les boss du jeu sont eux aussi d'assez bonne facture, même s'il y en a un en particulier que vous devrez combattre 3 fois (et non, on ne parle pas de Neil).
Le système de social strand fait lui aussi son retour avec, on le rappelle, un multijoueur asynchrone qui permet de construire des structures pour les joueurs qui passeront après vous. L'intérêt est d'aider du mieux possible les prochains Porter en enchainant les constructions qui seront les plus populaires : un pont traversant une immense rivière, un réseau géant de tyroliennes, ou encore des routes ou de nouveaux rails de tramway... Ça marche toujours aussi bien et on se surprend à carrément faire des allers-retours supplémentaires pour aider à la construction ou à la réparation de structures. Avec des options de coopération encore plus nombreuses, les plus gros chasseurs de likes du réseau chiral devraient en avoir pour leur argent.
Côté gameplay, le truc qui plombe le plus ce second jeu est finalement sa structure strictement idenitque à celle du premier, y compris dans l'ordre dans lequel vous allez explorer les biomes. D'une prairie vallonnée, vous finirez par escalader le flan d'une montagne après avoir traversé un petit désert... Il y a bien quelques environnements inédits, mais le copié-collé de DS1, y compris dans la manière de gérer ses chapitres, rend l'ensemble bien trop prévisible. On a l'impression de refaire exactement le même voyage, sur une carte qui ne porte simplement pas le même nom, et c'est franchement assez frustrant une fois le dernier relais connecté après une épopée de 40 à 50 heures de jeu.
UPS he did it again
Le Decima Engine de Guerilla est une nouvelle fois exploité avec brio : les environnements sont majestueux, tout comme la modélisation des personnages, bluffante. Sur les plans technique et artistique, il n'y a pas grand chose à reprocher à Death Stranding 2, l'OST est toujours sélectionnée avec soin et avec une utilisation calibrée sur les points clés de l'aventure. Un effet de mise en scène qui fonctionne toujours, au début, mais qui finit par user. On écœure de ces petits bonbons à la longue, et l'ajout d'un lecteur de musique qui nous laisse choisir les pistes à partir du moment que l'on est sur le réseau chiral vient gratter encore un peu plus l'immersion.
On est clairement sur de petits détails, mais ils sont finalement assez symptomatiques de notre ressenti global sur le jeu : il veut en faire trop, en permanence, et au bout du bout ça finit par le desservir. C'est dommage, parce qu'il y a du bon à prendre dans cette surenchère, mais le sentiment de solitude et la mélancolie qui rendaient DS1 unique se sont fait la malle. On reste malgré tout sur le haut du panier avec un jeu qui enchaine panoramas incroyables et cutscenes de très haute volée. Il y a néanmoins un domaine dans lequel le jeu n'a pas beaucoup évolué, c'est sur sa physique et les animations qui vont avec : l'ensemble est définitivement trop sec et vient casser l'immersion régulièrement, ce qui détone pas mal avec le reste de la réalisation du jeu.
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